Pendant longtemps, les médecins ont recommandé de retarder le plus possible l’introduction d’aliments allergènes comme les œufs, les poissons ou les arachides chez les enfants à risque (eczéma sévère, antécédents familiaux ou présentant une allergie alimentaire). Malgré cela, la prévalence des allergies est passée de 1,4 à 3 % en dix ans.
L’allergie aux arachides est l’une des plus graves, pouvant causer l’anaphylaxie, voire la mort. C’est pourquoi la publication de cette étude revêt une grande importance : elle montre que l’exposition précoce et continue chez des bébés à risque a permis de réduire la prévalence de cette allergie à l’âge de 5 ans.
Près de 640 nourrissons, âgés de 4 à 11 mois au début de l’étude, ont participé. La moitié a suivi un régime sans cacahuètes, tandis que les autres ont consommé au moins 6 g de protéines de cacahuète (soit environ 25 g de cacahuètes) par semaine. Les réactions allergiques étaient régulièrement évaluées par des tests cutanés.
Lorsqu’ils ont atteint l’âge de 5 ans, les résultats ont montré que 14 % des enfants « sans cacahuètes » ont développé une allergie, contre 1,9 % dans le groupe « cacahuètes », soit une réduction de 81 %.
Prometteuse, cette étude montre qu’il est possible d’agir pour inverser la hausse de la prévalence des allergies aux cacahuètes. Mais des travaux complémentaires devront corroborer ces résultats pour conduire à une éventuelle modification des recommandations du ministère de la Santé, qui préconise d’attendre l’âge de 3 ans avant d’introduire des arachides et fruits à coque chez les enfants à risque.
Randomized trial of peanut consumption in infants at risk for peanut allergy. New England Journal of Medicine, vol. 372, pp.803-13, 25 février 2015.