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Le ministère de la Santé entre en guerre contre les fake news en santé

« Nous déclarons la guerre à la désinformation dans le domaine de la santé ! », a lancé Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, le 16 avril dernier à l’occasion d’un colloque sur le thème de la « lutte contre l’obscurantisme et la désinformation en santé ».

Réunissant de nombreux acteurs de la communauté scientifique française, cette rencontre a ainsi été l’occasion pour le gouvernement d’annoncer 4 projets qui permettront, selon lui, de traiter ce phénomène d’ampleur.

Un contrôle renforcé des réseaux sociaux

Tout d’abord, le ministère entend fonder un observatoire national spécifiquement dédié à la désinformation pour « mutualiser les efforts de veille déjà entrepris par les universités, les médias, les plateformes ou encore les agences publiques », détaille Yannick Neuder.

Le ministre souhaite aussi donner un rôle plus important aux plateformes numériques dans la lutte contre l’obscurantisme. Une coopération d’autant plus nécessaire dans un contexte où les réseaux sociaux « prennent exactement le sens inverse », alerte le cardiologue, qui souhaite mettre en place le plus rapidement possible le « Digital Services Act » européen (règlement sur les services numériques), garde-fou pour les antennes européennes des plateformes.

Sensibiliser les plus jeunes à la désinformation en ligne

Réseaux sociaux et influenceurs sont de plus en plus utilisés comme sources d’information, par un public principalement composé d’adolescents. Pour cette frange de la population, le ministre de la Santé souhaite s’associer à la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, pour généraliser la culture scientifique avec un programme de vulgarisation en santé.

La dernière ligne directrice proposée par Yannick Neuder prend la forme d’un renforcement des outils institutionnels de lutte contre la désinformation. « Cela nécessite la mise en place de procédures standardisées pour répondre rapidement et efficacement à tous les signaux de manipulation de l’information », explique le ministre de la Santé.

 « Il existe une forte corrélation entre la confiance en la vaccination et sa pratique à l’école »

Principale source de désinformation en santé évoquée pendant le colloque ministériel : la défiance envers la vaccination chez certaines populations. Notamment les patients les plus âgés, les personnes défavorisées socio-­économiquement et les habitants des Drom. Ainsi, 29 % des Français seraient défavorables à la vaccination contre la Covid-19, selon Santé publique France en 2024.

Alain Fischer, professeur d’immunologie et coordinateur de la stratégie vaccinale de l’État durant la pandémie de Covid-19, estime qu’il faut renforcer la prise en charge des personnes très âgées et développer la vaccination à l’école. « Il existe une forte corrélation entre la confiance en la vaccination, la couverture vaccinale et la pratique de la vaccination à l’école », conclut Alain Fischer.

Quand la désinformation tue

« La désinformation nuit gravement à la santé et, dans le domaine médical, elle peut tuer », a insisté Yannick Neuder. Force est de constater, en effet, que la désinformation en matière de santé a déjà fait de nombreuses victimes notamment via les gourous 2.0 des médecines alternatives.

Le dernier rapport de la Miviludes, institut français de surveillance des dérives sectaires, prend l’exemple d’un naturopathe ayant préconisé à l’un de ses patients, atteint d’un cancer des testicules, de se soigner par le biais de purges, de jeûnes stricts, d’huiles essentielles et de tisanes. Cette personne a renoncé à son traitement, réputé efficace, pour suivre les conseils du pseudo-­soignant et est décédée.