Ce mardi matin avait lieu la dernière plénière de négociation entre les pharmaciens d’officine et l’Assurance maladie. Et c’est peu dire que les espoirs des syndicats ont été douchés. « Je suis remonté », réagit quelques minutes seulement après la clôture, Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo, lors d’un webinaire.
Alors que le syndicat réclamait depuis plusieurs mois – main dans la main avec la FSPF – une revalorisation de la rémunération des pharmaciens à hauteur de 1 milliard d’euros, ce matin la Caisse a mis sur la table 179 millions d’euros de revalos, d’ici 2027 pour le réseau officinal. « C’est très décevant, ce n’est absolument pas à la hauteur de l’investissement des pharmaciens et de leurs équipes », tance Pierre-Olivier Variot.
+ 5 centimes sur l’honoraire à l’ordonnance
Dans le détail, l’Assurance maladie a proposé une hausse de 5 centimes d’euros sur l’honoraire à l’ordonnance d’ici 2025. « Il y a 600 millions d’ordonnances chaque année, donc ça fait 30 millions d’euros », résume amèrement le président de l’Uspo.
Et, d’ici 2027, cet honoraire serait revalorisé de 6 centimes supplémentaires, et + 9 centimes pour l’honoraire de dispensation lié à l’âge.
Quant aux nouvelles missions, la réalisation d’un Trod dès lors qu’il fait suite à une ordonnance conditionnelle réalisée par le médecin devrait être rémunérée 10 euros, 15 euros si le test est positif, propose encore la Cnam.
Une Rosp vaccination a également été mise sur la table, de 3 euros pour chaque vaccination facturée (en plus de 9,60 euros), « mais conditionnée à un seuil de déclenchement », tempère Pierre-Olivier Variot. Cette Rosp ne pourrait être touchée que si le pharmacien est prescripteur d’au moins 5 % de ses vaccinations en 2024, 15 % en 2025 et 25 % en 2026. « C’est très loin de ce que nous avions demandé », déplore encore le président de l’Uspo.
La grève plus que jamais d’actualité
« La montagne a accouché d’une souris », constate Patrick Raimond, président de l’Uspo des Bouches-du-Rhône, qui rappelle que « depuis un an le réseau officinal va mal, et ce qui s’annonce pour 2024 est bien pire encore ». « C’est la négation des efforts que nous faisons au quotidien pour nos patients », poursuit le pharmacien.
Avec ces revalorisations jugées trop faibles par rapport à la situation économique de l’officine, Pierre-Olivier Variot porte un constat sévère : « le gouvernement ne souhaite pas maintenir le réseau pharmaceutique ». Ainsi, « la mobilisation des pharmaciens est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. Il faut que tout le monde s’unisse ! », appelle à nouveau le président de l’Uspo.
Une fermeture des officines dans toute la France est prévue le 30 mai prochain. La pétition a déjà récolté plus de 200 000 signatures et une grève des gardes sera également organisée entre les 18 et 20 mai. Le mouvement – parti du terrain – est soutenu par l’Uspo, l’Anepf et l’Unpf. La FSPF devrait se prononcer demain à l’issue de son conseil d’administration.