Adomed webinaire
Adomed webinaire

Fake news médicales : des médecins disent stop

Le ton est donné en ce début d’année. C’est un ras-le-bol généralisé des diffusions de fausses informations médicales, qui font trembler le domaine de la santé. 

Pour mettre le holà, des sociétés savantes et syndicats représentatifs de dizaines de milliers de médecins et de chercheurs ont signé une tribune parue dans l’Express ce lundi 29 janvier, disponible en version papier aujourd’hui, pour « mettre fin à la propagation impunie de fausses informations médicales ».

« C’est vraiment un ras le bol, trop c’est trop », s’emporte le professeur Mathieu Molimard, chef du service pharmacologie du CHU de Bordeaux et président honoraire du collège national de pharmacologie médicale, à l’initiative de la tribune, sur le plateau de C à vous, mardi. « Nous l’avons écrite lundi, et vendredi nous avions déjà plus d’une dizaine de milliers de signatures de médecins, avec les présidents de CME, les médecins de CLCC, les syndicats médicaux », explique le Pr Mathieu Molimard, « il y a un véritable consensus », conclut-il. 

À travers ce combat, les sociétés savantes et syndicats désirent réaffirmer « leur soutien indéfectible envers les professionnels de la santé » ainsi qu’à « la vaccination, pour prévenir plutôt que guérir ». 

C’est une réelle croisade que souhaitent mener les professionnels de santé contre les partisans des thèses complotistes et antivax, présents notamment sur les réseaux sociaux, et qui s’en prennent aux médecins, à l’instar du Dr Jérôme Barrière, oncologue.

L’affaire Booba : le point de non-retour …

L’une des raisons de l’impulsion de cette tribune a été la confrontation du rappeur français Booba et du docteur Jérôme Barrière, oncologue, président de CME et membre du Conseil scientifique de la Société française du Cancer, ce dimanche 28 janvier sur le réseau social X. Tout est parti d’une vidéo qui aurait pu passer totalement inaperçue si elle n’avait été relayée par le rappeur engagé.

Dans cette vidéo, Marc Doyer accuse le vaccin anti-Covid d’être à l’origine de la survenue de la maladie de Creutzfeld-Jacob chez sa femme, 15 jours après l’injection du vaccin, suite au tweet du Pr Raoult mettant en avant une étude publiée dans Nature pour discréditer le vaccin. Le lendemain, Booba, fort de ses 6,3 millions de followers, s’est empressé de repartager la déclaration en tweetant : « Je sais qu’il dit la vérité. Beaucoup trop de gens sont dans son cas. Ouvrez les yeux c’est maintenant ou jamais ».

… qui discrédite les professionnels de la santé 

La goutte de trop pour le Dr Jérôme Barrière qui répond au tweet déjà viral : « Votre compte est suivi par des millions de gens, ne pensez-vous pas que vous devriez conserver une certaine réserve avant de donner votre opinion sur un sujet que vous ne maîtrisez pas ? ». Sa réponse provoque alors une vague de haine de la communauté du rappeur et des comptes antivax.  

« À ce jour, les menaces n’ont été que virtuelles en ce qui me concerne », veut rassurer le Dr Jérôme Barrière au micro de France info le lendemain. Mais il note que depuis la pandémie, « les médecins qui prennent position, qui tentent d’informer, sont régulièrement la cible d’insultes, de diffamations, de menaces ». 

« Il faut que le ministère se bouge »

À travers leur tribune, les médecins, chercheurs et sociétés savantes médicales souhaitent soutenir et encourager la législation sur les « dérives sectaires en cours de révision à l’Assemblée nationale, plus précisément en introduisant des sanctions pour ceux qui incitent à abandonner ou dénigrer un traitement médical reconnu ». Une demande qui fait suite à l’affaire de l’hydroxychloroquine du Pr Raoult, et à bien d’autres, alors qu’il venait de tweeter le 17 janvier : « peut-être demain grâce à la loi Darmanin anti complotiste, pourra-t-on nous punir d’avoir de vraies données scientifiques qui contredisent les affirmations approximatives des ministres qui croient avoir la science infuse ».

Les signataires de la tribune invitent également à appliquer l’article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse concernant la publication, la diffusion ou la reproduction de fausses nouvelles, s’appliquant aujourd’hui dans les cas de troubles à la paix publique, à la mise en danger de la santé publique. « C’est un manque de prise de conscience de la gravité de la situation. Il faut que le ministère bouge avec un plan “stop à la désinformation” », conclut le Pr Mathieu Molimard.