« Et un, et deux, et R3C ! ». Dans les rues du centre de Paris résonnent, ce 21 novembre, la musique des instruments, les cris et les slogans, les tambours et les revendications, des étudiants en pharmacie qui se sont réunis, hier, pour porter leurs voix sur la réforme du 3e cycle des études de pharmacie.
200 à 300 juniors de Paris Descartes, Saclay, Rouen, Tours, Amiens et Lille – accompagnés de pharmaciens en exercice – se sont élancés mardi, à 14h30, depuis l’avenue de l’Observatoire dans le 5e arrondissement, pour rejoindre le ministère de la Santé, où les représentant de l’ANEPF, de la FSPF et de l’USPO, ont été reçus par le cabinet. « On comptent bien se faire entendre » pour que « les choses changent », tweete Philippe Besset, président de la FSPF.
Toute la journée, aux quatre coins de la France, « plusieurs milliers d’étudiants » selon la FSPF, d’enseignants et de pharmaciens ont manifestés, arborant fièrement leur slogan « Se mobiliser aujourd’hui pour exister demain », soutenus par de nombreuses officines qui arboraient une affiche sur leurs vitrines pour sensibiliser les patients.
Syndicats et étudiants ont deux revendications. La mise en œuvre, d’abord, de la réforme du troisième cycle dès septembre 2024, avec des engagements permettant de garantir l’attractivité des métiers de la filière et l’attrait de son exercice à travers le territoire, ainsi que la validation des compétences nécessaires à l’exercice des nouvelles missions. Et enfin, l’ouverture des négociations conventionnelles afin de revaloriser l’honoraire pour compenser les effets de l’inflation.
Au détour de la place Alfonse Déville à Paris, Camille, une étudiante de 24 ans, en 4e année de pharmacie à Rouen, explique les raisons qui l’ont poussée à descendre dans la rue : « La profession du pharmacien évolue de jour en jour et on a montré que nous étions des acteurs de santé important pendant la crise Covid mais aujourd’hui, ça ne suit pas. C’est la première fois que l’ensemble des corps de métier de la pharmacie est entièrement d’accord pour soutenir cette réforme du 3e cycle. Finalement, la profession ne se sent pas du tout écoutée, un peu laissée à l’abandon.
L’étudiante se félicite de la réactivité de l’intersyndicale « car il fallait faire bouger les choses, ça fait 3 semaines qu’on en parle. Ce qui est certain, c’est que sans l’impulsion de l’Anepf et des syndicats, on ne serait pas tous réunis aujourd’hui ici pour manifester ».
Pour le vice-doyen étudiant en pharmacie de Paris, Arthur de Bastard, « comme pour tout le monde, cette réforme est très importante ! Avec les nouvelles missions en officine, une approche par compétence doit être mise en place, accompagnée d’une revalorisation du statut pour permettre d’avoir des cours plus adaptés à la pratique officinale actuelle. En tant que vice-doyen étudiant, je dois représenter tous les étudiants en pharmacie ! On essaie de se faire entendre par les députés, et le gouvernement, peut-être. »
Au milieu du cortège déambulant à travers la rue Guynemer, Antoine, un étudiant en 3e année qui tenait à se joindre à cette marche, accompagnés ses amis, estime que : « ça fait 7 ans que la réforme a été avortée », et en conséquence « il n’y a toujours pas d’actions notables… »
Non loin, Alexiane, une étudiante de 22 ans en pharmacie à Tours, était venue pour sa part pour faire passer un message fort : « Tout le monde se mobilise pour essayer de faire comprendre au gouvernement que malgré les efforts, ça n’est pas suffisant ! Nous avons besoin de davantage de soutien et ils ne veulent pas nous l’accorder pour le moment. Les étudiants voudraient pouvoir être logés à côté de certaines pharmacies totalement abandonnées. Le maillage territorial est une demande du gouvernement, mais à côté de ça, aucune solution pour se loger n’est proposée, ce qui rend cette demande impossible à réaliser pour les étudiants de 6e année. La revalorisation du salaire fait partie des revendications, certes, mais ça n’est pas la priorité.
Alexiane souhaite avant tout : « Être écoutée ! », et estime qu’ : « il y a deux générations de pharmaciens qui ont été faites en attendant la R3C, c’est suffisant »
Les manifestants ne sont pas seuls puisque que la pétition lancée par l’intersyndicale, le 20 novembre sur change.org, comptabilise plus de 6000 signatures. Dans cette pétition, l’action syndicale demande la mise en place des DES courts de 12 mois, un support financier pour les stages en zone sous-dense, la création du statut de maître de stage universitaire, et enfin la revalorisation du statut des étudiants en pharmacie.
Aurélien Rousseau n’est pas resté sourd aux appels des étudiants et des pharmaciens. Dans un entretien téléphonique avec Philippe Besset, le ministre de la Santé a indiqué qu’il adresserait prochainement à l’Assurance maladie, dans une lettre de cadrage, les lignes directrices de la négociation de l’avenant à la convention nationale pharmaceutique.
La FSPF conclut : « Nous gardons pour objectif une ouverture des négociations avant la fin de l’année. »