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Le Sénat vote la suppression de l’aide médicale d’État, tollé chez les soignants 

Au deuxième jour d’examen du projet de loi immigration, mardi 7 novembre, le Sénat a adopté, par 200 voix pour et 136 contre, la suppression de l’aide médicale d’État (AME), réservée aux étrangers en situation irrégulière.

Une décision qu’a déplorée une partie des professionnels de santé. Les pharmaciens notamment s’offusquent de cette « erreur sanitaire » à l’instar de Delphine Chadoutaud, présidente de l’Uspo Essonne. Philippe Besset, pharmacien titulaire président de la FSPF, s’insurge lui aussi : « dans notre pays on ne laisse pas les malades sans soin ! Le vote du Sénat ne doit en aucun cas être entériné ». 

Élisabeth Borne « pas favorable à une suppression de l’AME »

Pour la ministre déléguée aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, la refonte de l’AME « n’a pas sa place dans un débat sur l’immigration ! » et affirme que « le gouvernement y est très attaché. C’est une question d’humanité et de protection des populations. » Élisabeth Borne, elle non plus n’est « pas favorable à une suppression de l’AME » et souhaite « objectiver la situation ».

C’est pourquoi la Première ministre explique au micro de France Inter avoir « commandé à Patrick Stefanini – haut fonctionnaire, membre du Conseil d’État – et Claude Évin un rapport début décembre, afin d’adapter le dispositif ». Aurélien Rousseau salue, sur X (ancien twitter), l’initiative de la Première ministre : « C’est un retour très utile aux fondamentaux » et rappelle que : « l’Aide médicale d’État est d’abord un dispositif de santé publique pour soigner ceux qui sont malades sur notre sol et prévenir les effets sur le reste de la population. »

Aide l’urgence

L’AME avait été instaurée en 2000 pour pallier l’exclusion des travailleurs en situation irrégulière ne pouvant bénéficier d’une couverture sociale de droit commun par l’Assurance maladie, en remplacement de l’Aide médicale d’Urgence préexistante (AMU). Elle serait de nouveau remplacée par une aide d’urgence, selon le texte adopté en séance publique au Sénat. Ainsi, « toute personne qui, ne résidant pas en France, est présente sur le territoire français, et dont l’état de santé le justifie, peut, par décision individuelle prise par le ministre chargé de l’action sociale, bénéficier de l’aide médicale d’urgence », peut-on lire sur le texte.

L’introduction de l’AMU à la place de l’AME réduirait strictement la prise en charge par l’Assurance maladie aux soins liés à la grossesse, aux vaccins réglementaires, aux traitements des maladies graves, à la prophylaxie et aux douleurs aiguës et aux examens de médecine préventive. Pour Gérald Darmanin, « c’est un bon compromis qui allie fermeté et humanité », affirme-t-il dans le Parisien. 

Les médecins vent debout

Depuis deux jours, une grande partie du corps médical continue de s’élever contre la suppression de l’AME.

La Fédération Hospitalière de France (FHF) a réagi avec force suite au vote du Sénat, dans un communiqué de presse le mercredi 8 novembre, en dénonçant « une suppression qui risquerait d’avoir des conséquences dramatiques sur un système de santé qui se trouve déjà en grande souffrance ». 

L’ANEMF (Association Nationale des Étudiants de Médecine) est du même avis et ajoute dans un tweet, publié le même jour, que : « la suppression de l’AME adoptée par le Sénat est une honte et un échec profond sur le plan sanitaire, moral et économique », alors que l’association avait appelé à manifester contre la suppression de cette aide le lundi, devant le palais du Luxembourg. 

L’Assemblée nationale se penchera sur le texte début décembre, et la FHF l’invite à « rétablir ce dispositif protecteur essentiel ».