Fin mai, Iqvia Institute a dévoilé son panorama 2023 des tendances mondiales en oncologie. L’occasion aussi d’anticiper les perspectives à venir en 2027 sur le marché des anticancéreux, première aire thérapeutique au monde.

Le marché des anticancéreux, première aire thérapeutique au monde. (GETTY IMAGES)
196 milliards
En 2022, les dépenses en oncologie ont atteint les 196 milliards de dollars, contre 129 milliards en 2018. Un chiffre qui devrait frôler les 375 milliards d’ici 2027, « même si l’arrivée des biosimilaires en oncologie va tamponner légèrement cette croissance », précise Stéphane Sclison, directeur associé d’Iqvia. Mastodonte sur le marché des anticancéreux, les États-Unis représenteront toujours dans 4 ans 45 % du marché.
53 %
« Depuis quelques années, on observe une focalisation de l’industrie sur les cancers rares », souligne Stéphane Sclison. Aussi, plus des trois quarts des nouveautés lancées sur les 5 dernières années ont bénéficié d’un statut orphelin. « Une vraie concentration ». Globalement, cinq tumeurs agrègent, à elles seules, 53 % du marché : le cancer du sein, de la prostate, le myélome multiple et les cancers du poumon non à petites cellules et du rein. Pour ces deux derniers, la croissance est due en partie à l’explosion des anti-PD1/PD-L1.
30 %
En 2022, 30 % seulement des nouveaux lancements en oncologie étaient des thérapies orales, contre 75 % il y a à peine quatre ans. « C’est un revirement du marché que l’on va continuer à observer », fait savoir Stéphane Sclison, évoquant l’expansion des biothérapies.
21
En 2022, 21 nouvelles substances actives (NAS) en cancérologie ont fait leur entrée sur le marché mondial. Les deux tiers de ces thérapies ciblent des tumeurs solides, un tiers l’hématologie. En 20 ans, ce ne sont pas moins de 237 NAS qui ont été mises sur le marché, dont 157 en Europe. Toutefois, le marché européen semble toujours plus verrouillé qu’outre-Atlantique. Aussi, depuis 2013, 27 % des NAS oncologiques américaines n’ont pas été lancées en Europe, tandis que seulement 2 % des lancements européens n’ont pas atteint les USA.
532
Dans le monde, 532 hôpitaux sont accrédités pour administrer des CAR T, thérapie cellulaire de pointe, soit une hausse de 38 % par rapport à 2020. En revanche, Stéphane Sclison exprime ses doutes quant aux devenirs des nouvelles biothérapies. Durabilité de la réponse clinique, tolérance : « ces thérapies sont soumises à beaucoup d’incertitudes ». L’étude avance ainsi deux pistes à l’horizon 2027 pour ces nouvelles générations de traitement : l’une, optimiste – un marché qui frôlera les 50 milliards de dollars -, l’autre plus réservée, à 19 milliards, « considérant que les thérapies traditionnelles ont de bons arguments en termes d’efficacité et de prix ».
65 %
Sans surprise, les trois quarts du marché de l’oncologie se concentrent sur les pays développés, avec d’importantes disparités géographiques. Néanmoins, à PIB égal, l’utilisation des anticancéreux peut aussi varier de façon étonnante. Ainsi, la France – à PIB comparable avec le Royaume-Uni – a un indice d’utilisation de médicament oncologique 65 % supérieur. « L’accès à l’innovation en France est beaucoup plus facile et plus large », analyse Stéphane Sclison. Autre exemple : l’utilisation d’inhibiteurs de checkpoints en France frôle quasiment celui des États-Unis, avec près de 110/100 000 patients traités en 2022 contre 30 en Angleterre ou en Corée du Sud.