À quelques semaines de la présentation du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, le président de la FSPF a dévoilé ce mercredi quelques mesures phares qui devraient toucher les officinaux d’ici janvier 2024. Les voici :
Dispensation à l’unité obligatoire pour les antibiotiques en rupture
« Nous avons appris qu’il y aurait un passage à la dispensation à l’unité obligatoire, pour les antibiotiques qui sont en situation de rupture », annonce Philippe Besset, qui précise qu’il y a eu un moment de « tension » lors de l’évocation des ruptures durant le comité de liaison officine organisé la semaine dernière entre les pharmaciens et le ministère de la Santé.
Pour l’heure, aucune information n’a fuité quant aux critères de « rupture » utilisés pour déclencher cette dispensation à l’unité. « Réponse en janvier 2024 ! », souligne Philippe Besset.
Alors que l’exécutif a acté une augmentation du prix des génériques de l’amoxicilline au 1er octobre – « et que nous avons toujours du mal à trouver l’antibiotique » sur le terrain, précise le pharmacien de Limoux – Philippe Besset s’interroge : « j’espère que les stocks d’amoxicilline ne sont pas retenus par les laboratoires pour pouvoir bénéficier d’une augmentation de prix en octobre ».
Possibilité de décréter l’interdiction de la prescription d’antibiotiques à distance
Lors d’une téléconsultation – et toujours en situation de pénurie d’antibiotiques – « le gouvernement se réserve le droit de pouvoir décréter l’interdiction de prescrire des antibiotiques à distance, ponctuellement », précise le président de la FSPF.
Autre mesure contenue dans le PLFSS : la réalisation d’un TROD préalablement à toute remise d’une ordonnance conditionnelle. « Une évidence ».
Création d’un statut de « préparations officinales spéciales »
Le PLFSS 2024 devrait également créer un statut de préparation officinale spécifique. « Les préparatoires vont pouvoir préparer par exemple de l’amoxicilline à un tarif règlementé », indique Philippe Besset, pour une application en janvier 2024.
Coup de boost sur les biosimilaires et les hybrides
Le texte de loi présenté à l’automne au Parlement devrait comprendre une mesure pour simplifier l’inscription des biosimilaires dans le répertoire. Dans la même veine, l’ANSM devrait être relancée sur la question des médicaments hybrides.
Pour rappel, au printemps 2022, deux classes thérapeutiques éligibles à la substitution des hybrides avaient été publiées au Journal officiel, mais pour l’heure « nous n’avons toujours pas de liste de médicaments, notamment pour l’asthme. Le pharmacien ne peut donc toujours pas substituer », martèle le président de la FSPF.
Prescription de substituts nicotiniques
Alors qu’un plan-tabac devrait être annoncé dans les jours à venir, ce dernier prévoit d’autoriser la prescription des substituts nicotiniques en officine. Une mesure qui devrait être traduite dans le PLFSS 2024.
Les pharmaciens devront, au préalable, réaliser un entretien motivationnel dans le cadre de l’arrêt du tabac, pour ouvrir le droit à la délivrance et au remboursement. « Nous souhaitons que la rémunération de la réalisation de l’entretien soit intégrée au prochain avenant conventionnel », souligne Philippe Besset qui rappelle que dans ce cadre – comme dans celui de la délivrance d’antibiothérapie après un TROD cystite ou angine – « les pharmaciens ne veulent pas obtenir le droit de prescrire, mais être rémunérés pour les bilans et les protocoles de dispensation ».
Remboursement des protections menstruelles
Courant 2024, toujours dans le cadre du PLFSS, les protections menstruelles réutilisables (cup, culotte menstruelle) devraient être prises en charge par l’Assurance maladie. « Pour l’instant, il n’y aura pas d’inscription dans la LPP mais des références spécifiques vont être créées pour les industriels éligibles au remboursement », indique Philippe Besset. Tarif, nombre de remboursements possibles pour chaque femme devraient être précisés début janvier.
Exit la baisse de remise sur les génériques
Bonne nouvelle ! Alors que le PLFSS 2024 a été rédigé en juin – et se trouve déjà sur le bureau du Conseil d’État – la proposition de la mission Borne pour faire baisser la remise maximale sur les génériques de 40 à 20% ne devrait pas figurer dans le PLFSS 2024. Le « rapport Leem », comme le surnomme Philippe Besset, « est arrivé trop tard ».
Cette baisse de remise – qui avait provoqué l’ire des pharmaciens – est chiffrée à 650 millions d’euros par an. « Cela qui équivaut à 10 000 pharmaciens adjoints en équivalent temps plein, ce n’est pas jouable de priver le réseau de ces pharmaciens, au moment même où l’on manque de bras ! », s’oppose Philippe Besset.
Pour autant, cette réduction pourrait bien être remise sur la table lors du PLFSS 2025.
Léa Galanopoulo