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Perte du monopole sur les produits de contraste : les autorités font (temporairement) machine arrière !

La mesure – invitée surprise du PLFSS 2023 – avait provoqué l’ire des officinaux cet hiver. Le texte de loi voté en décembre prévoyait ainsi qu’à partir du 1er juillet prochain, les cabinets de radiologie puissent acheter directement les produits de contraste inhérents à leurs actes, sans que le patient ne passe par la case officine.

Mais, face aux retards accumulés, la Direction de la sécurité sociale a finalement décidé de faire marche arrière, annonce l’Uspo le 2 juin. Aussi, les produits de contraste pour IRM (gadolinium) et pour scanner (iodés) ne devraient intégrer le forfait technique de radiologues qu’à partir du 1er mars 2024. Une victoire pour l’Uspo qui a « toujours été fermement opposée à cette mesure qui représente une brèche dangereuse pour la qualité et le monopole pharmaceutiques, indispensables à la sécurité des patients ».

Un délai impossible

L’été dernier, l’Assurance maladie s’est déjà fait l’écho de cette mesure, afin de promouvoir le bon usage des médicaments. Dans son rapport « charges et produits » publié en juillet, la Cnam recommandait ainsi de limiter le « mésusage » des produits de contraste pour tendre vers davantage « d’efficience ». La caisse souhaitait « simplifier le parcours de soins des patients qui, aujourd’hui, passent par l’officine pour se procurer ces produits » tout en évitant « le gaspillage de produits achetés par les patients, mais non utilisés ».

Mais le délai imposé au 1er juillet paraissait impossible à tenir. « La quasi-totalité de la chaîne pharmaceutique a alerté le ministère sur l’impossible mise en œuvre de cette mesure dans un délai aussi contraint », rappelle l’Uspo. En conséquence, « les risques de ruptures du parcours de soins et de non-accessibilité des médicaments étaient particulièrement élevés », insiste encore Pierre-Olivier Variot, président de l’Uspo.

Encore trop d’incertitudes

En attendant mars 2024, le syndicat appelle les confrères à « rester vigilants quant au stockage de ces produits ». « En effet, de nombreuses incertitudes demeurent. D’une part, les grossistes ont annoncé une évolution de leur politique de reprise de ces produits ; d’autre part, nous ne savons pas si l’application de cette mesure concernera l’ensemble des produits de contraste IRM et scanner au 1er mars 2024 », détaille Pierre-Olivier Variot.

Aussi, « au regard des complexités », le pharmacien enjoint carrément la Direction de la sécurité sociale à mettre un coup d’arrêt définitif à cette mesure.

Léa Galanopoulo