Sélection d’articles parus dans la presse internationale
L’appendicectomie prophylactique en cas de RCH pourrait favoriser la survenue de cancers colorectaux
Si le retrait de l’appendice par intervention chirurgicale permet de réduire l’inflammation intestinale liée à la rectocolite hémorragique, il pourrait également être un facteur de risque pour développer un type particulier de cancer colorectal. C’est ce qu’a mis au jour une équipe scientifique de l’Inserm au Centre Eugène-Marquis de Rennes, précisant que « ces observations ne peuvent pas être élargies à la majorité des cancers colorectaux », mais seulement à « ceux liés à une inflammation ». En étudiant ce phénomène sur des modèles de souris présentant une inflammation chronique du côlon, les chercheurs ont révélé un surrisque compris entre 15 et 20 % de développer un cancer colorectal chez les rongeurs opérés d’une appendicectomie.
Pour Éric Ogier-Denis, à la tête des équipes de recherche, « nos résultats sont importants à communiquer aux chirurgiens et aux gastro -entérologues, car ils questionnent le rapport bénéfice/risque d’une appendicectomie thérapeutique dans la prise en charge de la rectocolite hémorragique. » ■
Publié dans Cellular and Molecular Gastroenterology and Hepatology, novembre 2022
DOI : 10.1016/j.jcmgh.2022.10.016
Le congé paternité serait bénéfique contre la dépression post-partum chez les pères
Dans un article publié dans la revue The Lancet Public Health en janvier 2023, des scientifiques de l’Inserm et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique ont obtenu des résultats indiquant que deux semaines de congé paternité pourraient limiter le risque de dépression post-partum chez le père.
Cette étude a été menée auprès de 10 000 couples hétérosexuels, qui ont rempli un questionnaire deux mois après la naissance de leur enfant afin d’évaluer leur éventuelle dépression. Des symptômes étaient présents chez 4,5 % des pères ayant pris un congé paternité contre 5,7 % chez ceux n’en ayant pas bénéficié.
Cependant, les scientifiques ont noté une tendance légèrement inverse chez la mère : 16,1 % des femmes dont le partenaire a bénéficié d’un congé paternité présentaient des symptômes de dépression post-partum, contre 15,3 % chez celles dont le partenaire n’avait pas pris de congé paternité.
D’après un communiqué de presse de l’Inserm, « cette association négative chez les mères pourrait être due à la répartition inégale du temps alloué à la garde des enfants et/ou à un biais de sélection ». ■
Publié dans The Lancet Public Health, janvier 2023
DOI : 10.1016/S2468-2667 (22) 00288-2
Immunothérapie : des cytokines sélectives au pH
Les tissus tumoraux ont un environnement légèrement plus acide que les tissus sains normaux, avec un pH de 6,5 au lieu de 7,2. Des chercheurs du CHU et de l’université de Lille, en lien avec l’Institut ONCOLille, ont démontré que cette acidité était responsable d’une diminution de l’activité de certaines thérapies anticancéreuses. En effet, l’acidité bloquerait l’activité des cytokines utilisées en immunothérapie, notamment les interleukines 2, puissantes activatrices des cellules T, ce qui expliquerait d’ailleurs pourquoi le traitement n’est pas efficace pour tous les patients.
Pour pallier cette limitation, les scientifiques ont utilisé l’ingénierie des protéines pour modifier la façon dont les cytokines réagissent à l’acidité et ont réussi à concevoir une variante de l’IL-2 capable d’activer les lymphocytes T malgré l’environnement acide. Les premiers essais cliniques devraient démarrer d’ici quelques années. ■
Publié dans Science Imunology, décembre 2022