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Dans les facs, la désertification pharmaceutique est en marche

30 % de places à pourvoir dans les amphithéâtres de 2e année de pharmacie ! Un constat alarmant fait communément par les syndicats de titulaires, FSPF et USPO, les étudiants représentés par l’Anepf et la FNISP BM, ainsi que l’Ordre des pharmaciens.

« 30 % d’étudiants en moins dans nos amphithéâtres n’est ni acceptable ni viable pour la profession et le système de soin français dans sa globalité » ont dénoncé étudiants et représentants de la profession par communiqué de presse daté du 21 septembre. 1 100 places vacantes en 2e année de pharmacie, en augmentation drastique par rapport aux 163 places vacantes de l’année passée. Une perspective dangereuse alors que la crise des ressources humaines frappe de plein fouet les officines françaises ainsi que les hôpitaux. Les causes seraient multiples mais, en premier lieu, « l’application inégale de la réforme de l’entrée dans les études de santé au local qui, 2 ans après sa mise en place, nécessite de nombreux ajustements. »

Une réforme mal engagée, un diplôme qui manque de visibilité

Tout d’abord, les étudiants nous ont récemment fait part de notes planchers difficiles à obtenir et de programmes hors-sol, beaucoup trop chargés, qui mettraient à la porte de nombreux prétendants au diplôme. Une vision qui n’est pas tout-à-fait partagée par le professeur Gaël Grimandi, président de la conférence nationale des doyens de pharmacie que nous avons contacté : « si nous prenions les étudiants à 9 de moyenne, cela ne changerait pas grandes choses. »

Pour le doyen de la faculté de pharmacie de Nantes, le manque de lisibilité de la plateforme Parcoursup est aussi un problème. Les bacheliers sont mal aiguillés, les parents et étudiants se perdent dans la complexité des parcours et la multiplicité des offres. Dans tout cela, le diplôme de pharmacie se retrouve masqué par celui de médecine. « Les étudiants en première année se sont inscrits en médecine, et comme les places en médecine ont aussi augmenté, il y a un effet de siphonnage, » se désole le doyen, qui assure que « nous avons ouvert les portes et notre capacité à accueillir en deuxième année a augmenté ! »

Les représentants de la profession notent également « un grand manque d’attractivité pour les professions pharmaceutiques ». Pour les étudiants, c’est le grand nombre de voies qui s’ouvre avec le diplôme de pharmacien qui est mal connu et mal mis en avant. Il serait important de continuer les travaux de communication entrepris par l’Ordre auprès du grand public.

Un bilan crucial

« Nous ne reviendrons pas sur la réforme de la PACES » avait déclaré Sylvie Retailleau le 15 septembre dernier, précisant qu’un bilan de la réforme était prévu pour 2023. « Ce rapport venant du Gouvernement à destination du Parlement est plus que nécessaire et vise à permettre un décloisonnement des parcours de formation en renforçant la formation professionnelle continue » rappellent les syndicats. Pour le professeur Grimaldi, « la réforme est bonne, car elle veut faire travailler les différentes professions de santé ensemble dès la faculté. Mais ce n’est pas durant la première année, qui est compétitive, que cela devrait se faire, plutôt en 4e ou 5e année ». Il préconise donc de réaliser des ajustements et surtout, de comprendre les dysfonctionnements : « si nous avions les causes exactes, nous aurions le remède ».