La consommation d’alcool est un problème majeur de santé publique en France. Chaque année, l’alcool cause de 41 000 décès en France. Face à ce constat, l’Académie nationale de médecine appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures plus fortes
Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la consommation d’alcool ne baisse plus en France. « C’est une défaite majeure pour la santé publique car l’alcool en est un déterminant fondamental » alerte l’Académie nationale de Médecine dans un communiqué de presse.
Dès 2012, l’Académie mettait en garde contre le ralentissement de la baisse de consommation d’alcool en France et l’affaiblissement continu de la loi Evin sous la pression du lobby alcoolier, jusqu’à autoriser la publicité sur l’internet, support médiatique particulièrement prisé des jeunes. Résultat : en février dernier, Santé Publique France annonce que la consommation française d’alcool est la même en 2017 qu’en 2013 et que 30000 Français et 11000 Françaises en meurent chaque année.
L’ensemble des experts des sociétés savantes (OMS, HAS, Inca…) demande ainsi des actions efficaces contre l’alcoolisation en France, pays qui reste l’un des plus forts consommateurs d’alcool au monde.
Nombre de modalités efficaces ont ainsi été proposées dont :
- Bannir la publicité pour l’alcool suivant les principes initiaux de la loi Evin
- Des indications claires, lisibles et contrastées sur les contenants : de la quantité d’alcool en grammes, du nombre de calories (les boissons alcooliques en sont exemptées alors que l’alcool d’un verre apporte à lui seul environ 70 calories), que « l’alcool est dangereux pour la santé » (et non le seul excès), pour dissuader, grâce à un pictogramme, de toute consommation la femme enceinte ou qui désire l’être
- Taxer les boissons alcooliques au gramme d’alcool
- Établir un prix minimum de vente par gramme d’alcool, comme c’est le cas en Écosse
La stratégie des lobbies de l’alcool
« Des effets coronariens (et non pas cardiovasculaires) favorables de l’alcool (et non pas du seul vin) ont permis au lobby alcoolier d’instiller le doute sur les ravages de l’alcool. Ce sera plus difficile après la revue approfondie du Lancet sur les conséquences sanitaires de l’alcool. » explique l’Académie.
« Le lobby de l’alcool parvient à retarder les mesures nécessaires avec le résultat sans précédent d’une stagnation de la consommation d’alcool en France à un niveau inacceptable » s’indigne encore l’Académie. Par exemple, l’avertissement sanitaire destiné aux femmes enceintes est obligatoire sur les étiquettes des boissons alcooliques depuis 2006. Cependant, trop petit, difficile à trouver et à comprendre sans explications préalables, il ne remplit guère la fonction qui lui était destinée.
« De plus, que dire de la reconnaissance de la filière viticole comme un acteur crédible de la prévention ? De la diffusion de dépliants scolaires pour les 3-6 ans sur la vigne sans parler d’alcool ni de ses effets ? De l’acharnement à favoriser la consommation de vin des femmes ? D’interventions ministérielles répétées donnant au vin un rôle particulier alors qu’il représente la moitié de l’alcool consommé ? De l’extension du fonds tabac abondé par une taxe sur le tabac à l’ensemble des addictions sans la moindre participation de la filière alcool ? De la proposition parlementaire de rétablir la consommation d’alcool dans les stades ? »
L’Académie recommande donc de revenir à une politique basée sur les preuves et de mettre en oeuvre les mesures qui ont une efficacité démontrée et reconnue.
Chiffres clés
L’alcool : – 1re cause évitable de mortalité des 15-30 ans – 2e cause évitable de décès de toutes causes et par cancers |