Démographie ordinale : un renouvellement de la profession à relativiser

Les chiffres ordinaux sont tombés : au 1er janvier 2016, le renouvellement de la profession dans toutes les filières était assuré. Derrière cette déclaration officielle se cache une réalité moins sereine : si l’entrée des jeunes pharmaciens, toutes filières confondues, compense les départs à la retraite des anciens, ce renouvellement reste toutefois bien moins rapide que le relèvement du numerus clausus laissait présager, notamment en officine. Ainsi, ce ne sont pas moins de 20 980 pharmaciens inscrits qui partiront à la retraite dans les dix prochaines années, soit près d’un tiers des effectifs. Pourtant, toujours majoritaire au sein de l’Ordre d’un point de vue numérique, la filière officinale attire dorénavant si peu que la balance entre les entrées et les sorties est déficitaire.
Le déclin annoncé de la vieille garde (le nombre annuel de pharmaciens de 65 ans va plus que tripler les cinq prochaines années) ne saurait en effet être totalement compensé par la relève : seulement 30 % des étudiants choisissent actuellement cette filière, contre 60 à 70 % il y a quelques années. Une situation qui pourrait profiter aux pharmaciens d’industrie qui, à la faveur d’un stage de six mois en officine, peuvent s’installer comme pharmacien titulaire.
Du côté des établissements, l’étendard de la section A est également en berne puisque 21 591 officines étaient répertoriées l’année dernière, soit 181 de moins que l’année précédente (environ une fermeture tous les deux jours). Néanmoins, malgré ce délitement qui touche préférentiellement les zones rurales (Corrèze, Orne, Haute-Marne), le maillage territorial de proximité est harmonieusement préservé, les nouveaux titulaires s’installant dans les zones délaissées par leurs aînés. Isabelle Adenot, la présidente de l’Ordre, se félicite d’ailleurs qu’« aucun désert pharmaceutique ne soit à déplorer ».